L'apiculture est une activité qui peut générer des revenus importants tout en contribuant à la préservation de l'environnement. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : selon une étude commandée par le #FIVMPAMA à l'EDBM dans le cadre de sa miellerie, une ruche moderne peut produire entre 10 et 60 kg de miel par an, contre seulement 4 à 7 kg pour une ruche exploitée empiriquement. Un apiculteur expérimenté à Manjakandriana peut même atteindre jusqu'à 20 kg de miel par ruche sur ses 50 ruches.
L'apiculture est un secteur d'activité en constante croissance, en raison de la demande croissante pour les produits apicoles, notamment le miel, la propolis, la gelée royale et le pollen, qui sont reconnus pour leurs propriétés médicinales et nutritionnelles. En outre, les produits apicoles sont largement utilisés dans l'industrie alimentaire, cosmétique et pharmaceutique.
Le miel est un produit haut de gamme et sa valeur peut atteindre jusqu'à 15 000 ariary le litre, soit environ 11 euros pour 1,4 kg. La chaîne de valeur du miel comprend trois métiers distincts, chacun offrant des opportunités de business :
La production de miel, qui est l'affaire de l'apiculteur, dont les ruches constituent le matériel de base.
La collecte, le pré-traitement et le transport jusqu'à la miellerie, qui est l'affaire du collecteur, dont le matériel de base est l'extracteur.
La distribution et l'exportation du miel.
Si la miellerie est un passage obligé pour la transformation du miel, elle ne constitue pas en soi une opportunité de business. C'est plutôt le business du collecteur qui est incontournable, car entre les ruches et le marché, il y a toujours un déplacement à effectuer. La question est de savoir où placer la miellerie pour maximiser l'efficacité de la chaîne de production. Plus près des ruches ou plus près du marché ? Entre les deux, c'est le business du collecteur qui est au centre.
Le FIVMPAMA a mis en place une miellerie à Vontovorona avec une capacité de traitement de 840 kg de miel par cycle. Le traitement dure de une à trois heures pour atteindre le taux d'humidité de 18% exigé. Le FIVMPAMA a donc opté pour la mutualisation de l'investissement dans une miellerie agréée (équipements et infrastructures) pour les apiculteurs.
Cependant, pour augmenter la production en amont, il faut renforcer les capacités des apiculteurs et leur fournir des ruches modernes pour augmenter leur rendement. Mais le vrai défi reste la protection et l'extension des zones mellifères en préservant nos forêts et en favorisant la reforestation avec des arbres et des plantes mellifères.
Pour répondre à ces défis, plusieurs solutions peuvent être envisagées
Renforcer la formation et le conseil aux apiculteurs pour qu'ils puissent acquérir les compétences nécessaires pour optimiser la gestion de leurs ruches et augmenter leur rendement (techniques modernes d'apiculture et les bonnes pratiques de gestion des ruches).
Préserver les zones mellifères en protégeant nos forêts et en encourageant la reforestation avec des arbres et des plantes mellifères. Des initiatives de conservation de la biodiversité peuvent être mises en place pour sensibiliser les populations locales à l'importance de la préservation des écosystèmes forestiers et des espèces végétales et animales qui y vivent.
Encourager la diversification des sources d'énergie en proposant des alternatives au bois énergie pour les ménages. L'utilisation de l'éthanol pour la cuisson est une solution intéressante à explorer. En effet, l'éthanol produit localement à partir de matières premières agricoles peut être utilisé comme combustible pour les cuisinières domestiques, réduisant ainsi la dépendance au bois énergie et contribuant à la préservation des forêts.
Selon les statistiques de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la production mondiale de miel a augmenté de 3,4% en 2019 par rapport à l'année précédente, atteignant 1,9 million de tonnes. Le marché mondial du miel est estimé à 7 milliards de dollars US en 2021, avec une croissance annuelle moyenne de 5,3% entre 2016 et 2021.
En Afrique, l'apiculture est une activité importante pour les communautés rurales, car elle offre une source de revenus supplémentaires et contribue à la sécurité alimentaire. Selon l'Union africaine, la production annuelle de miel en Afrique est estimée à environ 250 000 tonnes, mais seulement 10% de cette production est commercialisée. Il y a donc un potentiel important pour développer la filière apicole en Afrique.
En termes d'exemples concrets, le Kenya est un pays qui a réussi à développer l'apiculture grâce à une politique nationale soutenant les producteurs et les exportateurs de produits apicoles. Le Kenya est actuellement le premier exportateur de miel d'Afrique, avec une production annuelle de 7 000 tonnes de miel et des exportations atteignant 5 000 tonnes de miel chaque année.
En Éthiopie, l'apiculture est une activité traditionnelle importante depuis des siècles. Le gouvernement éthiopien a lancé une stratégie de développement de la filière apicole en 2010, qui a contribué à augmenter la production de miel de 15 000 à 35 000 tonnes en 2019. L'Éthiopie est également un important exportateur de miel en Afrique.
Au niveau local, de nombreuses initiatives ont été lancées pour développer la filière apicole à Madagascar. Le FIVMPAMA a mis en place un programme pour renforcer les capacités des apiculteurs, améliorer la qualité du miel et augmenter la production. Des formations sur les techniques apicoles modernes sont organisées, et des ruches modernes sont distribuées aux apiculteurs. En outre, des projets de reforestation et de protection des zones méllifères sont en cours pour préserver les habitats naturels des abeilles.
Investir dans la filière apicole offre de nombreuses opportunités commerciales et sociales, tout en contribuant à la protection de l'environnement. Les acteurs de la filière, des producteurs aux exportateurs, peuvent bénéficier de la demande croissante pour les produits apicoles, tout en contribuant à la création d'emplois et à la réduction de la pauvreté.
Article rédigé par Rivo Rakotondrasanjy, Président de la FIVMPAMA et Président de la CCIA.